12/09/2017

Entretien : Agripolis nous livre les secrets de l’aéroponie

Parole de lauréat(s)
A Paris, ils s’apprêtent à recouvrir les toits du gymnase Glacière, de la Cour des Lions et du collège Eugène Delacroix de colonnes emplies de choux et de fruits rouges. Ils ? Les membres d’Agripolis, entreprise spécialisée dans l’aéroponie. Pascal Hardy, fondateur et président de la société, nous explique les tenants et les aboutissants d’une méthode de culture pas tout-à-fait comme les autres…
Vous cultivez en aéroponie. Concrètement, comment fonctionne cette technique de production ?
Le principe est simple : nous travaillons avec des colonnes de culture dans lesquelles sont installées les pousses de légumes et de fruits. Régulièrement, nous vaporisons sur les racines – isolées dans le vide et sans terre – un mélange d’eau, de nutriments biologiques et de bactéries permettant de recréer le même biotope qu’en pleine terre. Ensuite, les liquides reviennent dans des bacs et sont automatiquement réinjectés au cycle suivant. Grâce à ce système, nous n’utilisons que 10 % d’eau par rapport à une exploitation classique. En outre, l’isolation des racines permet de répondre au problème de la pollution urbaine, puisque c’est par là que les particules sont absorbées et non par les feuilles.

Quelles sont les différences avec une agriculture en pleine terre, en termes de qualité et de rendements ?
Nos produits ont un excellent goût, car nous sommes capables d’apporter à chaque plant les sels minéraux et les nutriments dont il a besoin. Pour ce qui concerne les rendements, ceux-ci sont nettement supérieurs à l’agriculture traditionnelle, pour la simple raison que nos plantations verticales permettent de cultiver une cinquantaine de salades sur un mètre carré, là où l’on pourrait en planter une dizaine dans la terre.

Aujourd’hui, quelles plantes êtes-vous capables de produire ?

Nous pouvons cultiver de tout, sauf des légumes racines. Plantes aromatiques, tomates, courges, melons, choux, choux fleurs… Tout est possible ! Nous pouvons aussi produire des fruits rouges, notamment des fraises et des framboises. Même les fleurs sont compatibles avec notre système, qu’elles soient comestibles ou ornementales : nous avons par exemple fait des essais concluants avec des oeillets et des zinnias.

Agripolis s’engage à distribuer ses productions dans un périmètre inférieur à 500 mètres du lieu de production. Comment parvenez-vous à tenir cette promesse ?
Nous avons un grand principe : nous voulons que nos produis soient consommés ou du moins vendus le jour même de la cueillette, sans utiliser ni camions ni réfrigérateurs. Pour respecter cette règle, nous n’installons nos fermes que là où nous savons qu’une distribution locale est possible. S’il s’agit d’un toit d’immeuble d’habitations, alors nous proposons des paniers pour les riverains. Si le site est à proximité d’une surface de distribution ou d’un hôtel, alors nous chercherons à les alimenter en priorité. Notre système économique repose simplement sur la vente de nos productions selon un circuit court, même si nous sommes encore dans une phase d’apprentissage.

Les consommateurs sont-ils tout de suite intéressés ou rencontrez-vous une forme de scepticisme ?
À vrai dire, la première remarque qui vient de la bouche des clients, c’est :« Ah ! Vous faîtes de l’agriculture urbaine donc c’est pollué. » Mais dès lors que nous expliquons notre travail, que nous montrons les colonnes de culture, alors les clients comprennent. Il nous est même arrivé de placer une webcam montrant une ferme dans un magasin de distribution pour exposer la réalité des faits ! En fait, il suffit d’être clair.

Vous considérez-vous comme agriculteur ?
Bien sûr ! Certes, nos techniques et nos lieux de productions sont différents mais nous faisons effectivement partie du métier. Nous essayons simplement d’apporter des légumes sains dans les assiettes des consommateurs tout en limitant, entre autres, l’impact carbone.