13/12/2017

Quand le parking Raymond Queneau se transforme en champignonnière

Parisculteurs 1 Épisode 4
Au niveau -1 les voitures, au niveau -2 les champignons : depuis trois mois environ, pleurotes et shiitake ont investi les longues travées sombres du parking souterrain de la rue Raymond Queneau. Dans l’obscurité, toute l’équipe s’active, transpalette à fond au milieu des allées : avec deux cultures de champignons déjà en fonctionnement, les agriculteurs urbains prennent progressivement leurs marques à l’intérieur du lieu.

L’aire de compostage, qui doit accueillir des lombrics, est en mode prototype, la chambre froide est en cours de montage. Malgré cette ambiance work in progress, Théo Champagnat, co-fondateur de la start-up Cycloponics, reste optimiste : 80 tonnes de champignons et 200 tonnes d’endives devraient ainsi être produites chaque année dans les tréfonds du parking. En dépit de son caractère inhabituel, le lieu peut accueillir de nombreuses plantations, à  l’image des plantes aromatiques, encore en phase de test, sous des lampes horticoles.

A terme, la petite entreprise compte en tout salarier dix personnes du voisinage : Btissam,en train de déplacer une cargaison de grillages, habite ainsi l’immeuble juste au-dessus. “Concrètement, nous faisons d’abord incuber du mycélium dans un mélange de paille et de son de blé par nos partenaires, le tout dans des sacs et dans le noir. Une fois l’incubation terminée, les sacs sont entaillés et les cultures exposées à la lumière. Ensuite, il n’y a plus qu’à attendre que ça pousse”, explique Théo Champagnat, qui détache délicatement quelques shiitake sur les bottes humides.
Le lieu, illuminé par des néons, fonctionne avec peu d’énergie. Quant au matériel, vive la récup’ : des chambres froides aux gerbeurs, de nombreux engins ont été trouvés sur le Bon coin ou racheté à des anciens agriculteurs. Finalement, la plus grosse difficulté reste administrative : des normes de sécurité à respecter au dépôt de permis de construire, le chantier accuse un petit semestre de retard. D’ici un an, les cultivateurs devraient cependant être arrivés au bout de leurs peines. Les jeunes pousses – une douzaine d’espèces différentes, des capucines aux poireaux – murissent elles paisiblement sous une lumière flashy : la vie en rose pour les légumes…