07/01/2019

Les maraichers 2.0 à l’honneur au Pavillon de l’Arsenal

Poires de Montmorency ou cresson de Marly, qui s’en souvient ?
Il n’y a pas si longtemps, vous les auriez encore trouvés sur les tables parisiennes, en compagnie des haricots d’Harpajon ou des pêches de Montreuil. Paris ne serait pas Paris sans le bassin parisien et ses terres fertiles : jusque dans les années 1930, l’agglomération capitale pousse au cœur de paysages nourriciers, de plateaux céréaliers et de vallons horticoles. Y sont cultivés des produits régionaux liés au terroir francilien, sous les bons soins de cultivateurs spécialisés. Mais dès 1950, ces horticulteurs seront les premiers à se voir emportés par la pression urbaine.
Jusqu’au 27 janvier 2019, l’exposition Capital agricole, au Pavillon de l’Arsenal, retrace l’histoire de cette scission brutale, avant de proposer de multiples pistes pour rapprocher l’agriculture de la métropole. Car à l’heure de la crise climatique, le cultivé et l’habité apprennent de nouveau à cohabiter ensemble. Aux maraichers d’autrefois, fait écho une nouvelle génération de néo-ruraux, dont font par exemple partie Théophile Champagnat et Jean-Noël Gertz, de l’entreprise Cycloponics. Lauréats de la première saison des Parisculteurs, ils mêlent low-tech et high-tech au cœur du 18e arrondissement ; leur spécialité, champignons et endives… de parking. Une inventivité que l’on pourrait comparer à celle de l’horticulture du début du siècle, qui de cloches en serres chauffées, avait fait de l’Ile-de-France un bassin agricole de premier plan. Pour Alexandre Labasse, directeur du Pavillon de l’Arsenal, “ce type de profils marque une tendance de fond, liée au mieux manger et au mieux vivre : ces nouveaux terriens ne sont pas forcément agriculteurs et ne craignent pas de s’emparer de modèles anciens pour les réinterpréter.” Sujet de société avant d’être un sujet de professionnels, c’est donc en compagnie d’architectes et d’urbanistes que ses cultivateurs 2.0 inventent de nouvelles associations, qui à l’avenir, pourrait venir changer le visage de la ville. Grands ensembles cultivés ou parcs agricoles, l’exposition décline les propositions pour chaque composante de l’urbain, des échangeurs autoroutiers aux immeubles en bois. Pour Alexandre Labasse, c’est la ferme de proximité qui pourrait être appelée à jouer un grand rôle dans le Paris de demain : “A Paris comme en première et seconde couronne, nous avons besoin de points de connexion entre urbains et agriculture, qui permettent de rendre la ville productive visible.” A l’avenir, pourra-t-on parler d’urbanisme sans agriculture ? “Sans doute pas, conclut Alexandre Labasse, il sera d’ailleurs peut-être plus juste de parler, plutôt que d’agriculture urbaine, d’urbanisme agricole.” Le cresson de Marly et les pêches de Montreuil pourraient revenir dans l’assiette plus vite qu’on ne le croit.